Pourquoi les vinyles de Daft Punk et Björk atteignent des prix records
L’univers du vinyle regorge de convoitises, et certains disques de Daft Punk ou Björk s’y apparentent à de véritables reliques, s’échangeant parfois à plus de 4000 euros ! Ce n’est pas une simple question de rareté : derrière ces sommes folles, il se tisse tout un récit mêlant innovation musicale, fétichisme de l’objet et passion démesurée des collectionneurs. Explorez avec moi les raisons qui font exploser la cote de ces galettes noires où le son prend vie au contact du diamant.
Rareté et éditions limitées : le nerf de la guerre
Pour un collectionneur de vinyles, la rareté est reine. Le premier pressage du classique « Homework » de Daft Punk édité en 1997 chez Soma Recordings, à seulement 2000 exemplaires, tourne régulièrement autour de 800 à 1200 euros en état parfait. La collectionneuse islandaise Sólveig Matthildur raconte avoir déboursé près de 700 euros pour un des 250 exemplaires signés de « Homogenic » de Björk, sorti au Royaume-Uni en 1997.
Björk, connue pour ses collaborations avant-gardistes (notamment avec Mark Bell ou Matmos), a souvent publié des éditions ultra-limitées destinées aux marchés japonais ou scandinaves, comme son fameux « Voltaïc » boxset, pressé à 200 copies vinyle colorées venant avec lithographies. Ce type d’objet dépasse le cadre de la musique : il devient une pièce d’art. A contrario, les pressages massifs des albums de Moby ou Goldfrapp, même si estimés, ne voient jamais leur valeur s’envoler aussi loin.
Mythologie et histoire : quand le vinyle devient symbole
Chaque disque iconique véhicule son propre mythe. Le 45 tours promotionnel de Daft Punk « The New Wave » (1994) est considéré comme l’acte de naissance du duo, n’ayant été édité qu’en quelques centaines d’exemplaires à destination des DJs underground. De tels artefacts voient leur prix flirter avec les 2000 euros. Il devient presque impossible d’en détacher la pochette cartonnée imprimée à la main de son époque.
Du côté de Björk, l’EP « Venus as a Boy » sorti avec une simulation de parfum est aujourd’hui autant adulé pour son contenu sonore que pour son audace artistique. Même des artistes moins connus comme Plaid ou Leila, proches de l’artiste islandaise, voient leurs premiers vinyles s’envoler aussi bien pour leur son futuriste que pour la narration qui les entoure.
L’objet de désir : son, esthétisme et fétichisme
La magie du vinyle ne réside pas seulement dans le son analogique chaud et granuleux qui sublime une production électronique ou vocale inimitable. Les collectors de Daft Punk, par exemple, proposent souvent des artworks signés ou des pochettes conçues par des artistes plasticiens (Mental Groove sur « Alive 1997 » limité à 500 copies en Suisse). Ces éditions deviennent de véritables objets de contemplation, indissociables de leur époque.
On estime que moins de 5% des pressages originaux de « Post » de Björk circulent encore en état NM (Near Mint) : un vinyle comprenant son insert et sa pochette d’origine voit sa cote multiplier par 6 par rapport à une version abîmée. Les collectionneurs fétichisent chaque détail, à la manière de ce qui se passe autour des disques signés de Broadcast ou The Knife, dont les éditions limitées sont désormais des totems pour amateurs sonores et visuels.
Flambée des cotes : chiffres vertigineux à l’appui
Selon le site Discogs, entre 2018 et 2023, la valeur moyenne d’un vinyle original de Daft Punk a augmenté de plus de 250%. Un « Discovery » promo japonais se vendait aux alentours de 350 euros en 2015, aujourd’hui introuvable sous la barre des 1200 euros. Pour certains maxi 12’’ de Björk, comme « Hyperballad » avec remixes de Brodsky Quartet (juste 400 copies), on a frôlé 1450 euros lors d’enchères en ligne.
Les chiffres ne mentent pas : le marché international du vinyle représentait plus d’1,4 milliard d’euros en 2022, en hausse de 17,3% par rapport à l’année précédente. Mais ce sont bien ces objets rares, chargés d’histoire et physiquement engageants, qui supportent cette croissance à coups de records, alors que le streaming a banalisé l’écoute.
Ecoute active et implication émotionnelle : la revanche du tangible
La valeur d’un vinyle tient aussi à l’expérience sensorielle et immersive qu’il propose. Se lever, manipuler la pochette glacée, poser l’aiguille sur un sillon gravé dans le plastique : toutes ces étapes font partie du rituel que recherchent les fans de Daft Punk, de Björk, ou de groupes atypiques comme Stereolab ou Fennesz (dont certains pressages rares dépassent aussi les 1000 euros).
L’objet physique — que ce soit pour son aspect sonore unique, sa pochette expressive ou le plaisir de compléter une discothèque — fédère une nouvelle génération de collectionneurs. Ces derniers n’hésitent pas à investir des sommes folles, non seulement pour un son d’exception mais pour l’incarnation matérielle d’un art sonore en voie de disparition dans l’immatériel numérique.
En définitive, les prix mirobolants des vinyles de Daft Punk et Björk sont le reflet d’un engouement profond pour l’histoire, l’esthétique et l’authenticité, à l’instar d’artistes passionnés comme Oneohtrix Point Never ou Lætitia Sadier dont les pressages confidentiels font rêver les amoureux du son. Pour célébrer ce patrimoine, laissez-vous transporter par une écoute attentive de « Vespertine » de Björk sur vinyle : une expérience tactile et sonore où la magie opère de bout en bout, bien au-delà de la simple collection.







