Les vinyles italiens de disco électronique des années 80 : pépites méconnues

Vinyles Italiens de Disco Électronique 80’s : Trésors Cachés à Redécouvrir

En parcourant les brocantes et bacs poussiéreux des disquaires, il n’est pas rare de tomber sur des pochettes énigmatiques à l’esthétique futuriste, signées d’artistes italiens au nom presque inconnu. Ces vinyles de disco électronique, souvent éclipsés par la vague Italo-disco mainstream, recèlent pourtant une richesse sonore et visuelle inouïe. L’Italie, entre 1980 et 1988, fut le théâtre d’une véritable effervescence créative, produisant des milliers de maxis 45 tours et LP enregistrés en petites séries. Zoom sur ces pépites méconnues qui font vibrer les platines et les cœurs de collectionneurs.

Un Foisonnement Créatif et Technique sans Précédent

Dans les années 80, plus de 450 labels indépendants italiens voient le jour, appuyés par un tissu industriel dynamique dédié à la production vinyle (jusqu’à 150 presses différentes actives simultanément en 1984 selon Discogs). Ce contexte favorise une inondation de titres, aux chiffres vertigineux : on estime à plus de 3700 maxis de disco électronique produits en Italie entre 1980 et 1987, dont plus de 60 % tirés à moins de 2000 exemplaires.

Parmi les studios florissants, le mythique Memory Records fait émerger un son unique, où les synthés analogiques (Roland Juno-60, Sequential Circuits Prophet-5) tutoient les boîtes à rythme (TR-808, LinnDrum). C’est de cette fusion inédite que naissent les signatures sonores de tracks comme “Spacer Woman” de Charlie (1983) ou “I’m Gonna Dance” de Kasso (1981). Mais derrière les locomotives commerciales, une galaxie de singles confidentiels attend toujours d’être (re)découverte.

Artistes Nouveaux, Alias Multiples et “One-Shot Wonders”

Si les noms de Gazebo ou Savage font frémir les charts, la scène regorge d’artistes qui n’ont vendu que quelques centaines de copies. C’est le cas de Klein & MBO, dont le titre “The MBO Theme” (1983) inonde les clubs britanniques mais reste un secret bien gardé en France. Alexander Robotnick, avec “Problèmes d’Amour” (1983), vend à peine 800 exemplaires à sa sortie, avant de devenir un classique deep underground. Évoquons aussi Francis Lowe (avec l’ultra-rare “Ba Ba Go Go”), Massimo Barsotti (“Whole Lotta Love” version électronique, 1983) ou Decadance (« On and On », 1983), véritables fines lames prisées par les crate diggers du monde entier.

Nombre de producteurs utilisaient jusqu’à 5 ou 6 alias pour sortir différents projets parallèles, défiant les majors et modifiant sans cesse l’équation du genre. On recense pas moins de 1100 pseudonymes rien que pour la vague 1982-1986 ! Cette profusion continue de piéger même les meilleurs collectionneurs aujourd’hui, contribuant au mythe et à la rareté de certains pressages.

Objets de Collection : Du Son à l’Œuvre d’Art

Le charme des vinyles italiens ne tient pas qu’à leur groove. En 1981, plus de 90 % des disques sortent en version maxi single (12 pouces), garantissant une dynamique sonore supérieure et un mix dédié à la danse. Beaucoup de ces pressages sont réalisés en tirages de 500 à 1500 exemplaires, ce qui en fait des objets très recherchés, souvent cotés entre 50 et 300 € aujourd’hui pour les références les plus obscures comme “Disco Computer” de Transvolta ou “Feel the Drive” de Doctor’s Cat.

Les pochettes, souvent conçues par des artistes graphiques de Milan ou Rome, se distinguent par leur esthétique futuriste, géométrique — à la façon de “Relight My Fire” de Koxo Band ou du sublime “Don’t Stop Lovin’” de Sphinx (1983). Pour beaucoup, la recherche d’une édition originale relève autant du plaisir auditif que de la contemplation d’un bout d’histoire visuelle et artisanale.

La Redécouverte et l’Engouement Global

Depuis les années 2010, l’essor du diggin’ et la réhabilitation de l’Italo-disco dans les playlists et festivals électroniques alimentent un nouvel engouement. Sur YouTube, certains titres comme “Blue Planet” de Italo Connection franchissent le million d’écoutes, tandis que Discogs classe plus de 2700 références italiennes années 80 recherchées activement dans le monde. Les rééditions vinyls par des labels comme Bordello A Parigi ou Dark Entries contribuent à la transmission de ce patrimoine, tout en conservant l’aura de rareté des originaux.

La magie du vinyle opère toujours : souffle analogique, basses rondes, appels à la danse immédiats. Écouter un original italien sur une platine reste un rituel, une expérience active et sensorielle impossible à reproduire autrement.

Les vinyles italiens de disco électronique des années 80 demeurent une mine d’or pour les passionnés et les curieux. Sortez votre platine et laissez-vous surprendre par l’énergie brute de Massimo Barsotti ou l’élégance synthétique de Alexander Robotnick. Un must à déguster avec attention : “Spacer Woman” de Charlie… et à (re)découvrir sans modération.