Les vinyles francais les plus vendus en France en 2024
Toujours dans le sillage du renouveau du disque noir, le marché vinyle français a battu des records en 2024. Loin d’être un simple retour de hype, l’engouement touche collectionneurs aguerris et novices cherchant à vivre la musique loin du numérique. Quels albums tirent leur épingle du jeu ? Quel est le poids des labels indépendants face aux majors ? Genres émergents ou classiques indétrônables : plongée pointue et chiffrée sur les vinyles les plus vendus cette année, et sur ce qui fait le charme irremplaçable de ce support mythique.
Un marché vinyle florissant et éclectique en France
2024 confirme l’essor spectaculaire du vinyle : selon le SNEP, les ventes dépassent pour la première fois les 6 millions d’unités, pour près de 85 millions d’euros de chiffre d’affaires (+17 % par rapport à 2023). Le vinyle représente désormais plus de 40 % du marché physique musical français, une première depuis le début des années 90. Fait marquant : plus de 60 % des acheteurs ont moins de 35 ans, preuve que l’objet séduit bien au-delà des nostalgiques.
Côté genres, la pop indépendante, le rap alternatif, la chanson française d’auteur et le rock psychédélique mènent la course, avec de belles percées du jazz contemporain et de l’électro analogique. L’attrait du vinyle ne tient pas qu’à la nostalgie : le son chaud, la profondeur du grave, l’écoute attentive et ritualisée, mais aussi la beauté des pochettes grand format signées par des artistes (parfois inédits) ravivent le plaisir d’écouter un album dans son intégralité.
Le classement pointu : top 10 des vinyles les plus vendus en 2024
1. Lomepal – “Mauvais Ordre” (PIAS) : Avec plus de 35 000 exemplaires vendus, Lomepal s’impose comme la tête d’affiche de l’année à contre-courant des hits mainstream. PIAS, label indépendant historique, continue de s’imposer face aux géants du secteur.
2. Fishbach – “Avec les yeux” (Entreprise/Universal) : La pop française hybride de Fishbach séduit les audiophiles, frôlant les 28 000 ventes. Pochette en édition limitée par le collectif d’illustrateurs Les Vilaines.
3. Monsieur Nov – “Antidote” (Bendo Music) : La révélation néo-soul tutoie les sommets avec près de 25 000 galettes écoulées, preuve que le groove R&B séduit en pressage analogique.
4. Flavien Berger – “Dans cent ans” (Pan European Recording) : L’expérimental psyché de Berger conquiert 21 000 amateurs de sons organiques.
5. Rone – “Rone Live at La Gaîté Lyrique” (InFiné) : L’électronique artisanale à la française captive le public, avec 18 000 ventes, forte présence des pressages colorés numérotés.
6. MEZERG – “Extended Play” (Mister Atom Records) : L’étonnant touche-à-tout bordelais, entre groove et acid jazz, tutoie les 16 500 ventes.
7. Blumi – “Overflow” (Cracki Records) : L’indie folk raffinée séduit tant par sa voix que par l’objet, avec 15 000 vinyles partis.
8. Yarol – “Club” (Columbia/Sony) : Le rock garage made in France cartonne, frôlant les 12 000 ventes, avec un mastering spécial vinyle très recherché.
9. Zaho de Sagazan – “La Symphonie” (Virgin Music) : Croisement chanson/électronique et édition double LP limitée à 11 000 exemplaires, partis en un mois.
10. Lord Esperanza – “Drapeau Blanc” (Modulor) : Le rappeur poétique attire 9 000 aficionados de sons organiques et de textes ciselés.
Près de la moitié de ces albums sont représentés par des labels indépendants comme PIAS, InFiné, Cracki ou Modulor — un phénomène français : 48 % des ventes vinyles en 2024 sont générées par les indés, contre moins de 35 % en 2020. Les offres collectors (vinyles colorés, éditions numérotées, sérigraphies exclusives) jouent un rôle majeur dans le succès de ces pressages, sans oublier les pochettes artistiques au design recherché, parfois réinterprétées par de jeunes plasticiens locaux.
Vinyle, genres représentés et labels : l’atout de la diversité française
Contrairement aux charts streaming, le Top vinyle 2024 affiche une mosaïque de styles. La pop alternative à la française (Fishbach, Blumi) côtoie le rock psychédélique et garage (Flavien Berger, Yarol) et des scènes électroniques créatives portées par Rone ou Mezerg. Même le jazz (en embuscade avec Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, 13e au classement) a vu ses ventes progresser de 31 %.
Les grandes maisons restent présentes (Universal, Columbia de Sony), mais les labels indépendants s’imposent : PIAS investit dans des mastering dédiés au vinyle, Cracki Records propose des packagings artisanaux conçus par des graphistes émergents, et InFiné multiplie les collaborations avec la scène électronique expérimentale. Les tirages limités amplifient la dimension “objet d’art” du vinyle — une tendance 2024 qui séduit autant les audiophiles que les collectionneurs.
Côté chiffres, plus de 1 800 références différentes ont été pressées en 2024, un record qui témoigne de l’ampleur du mouvement. À noter, la part grandissante des repressages d’albums confidentiels et la montée des micro-labels régionaux qui dynamisent le circuit indépendant, notamment en Nouvelle-Aquitaine et dans le Grand Est.
Pourquoi le vinyle fascine encore en 2024 ?
Le succès ne se résume ni à la qualité sonore supérieure ni à la promesse vintage. Pour le public français, l’écoute vinyle est une expérience : sortir un disque, sentir le carton, admirer la pochette (souvent signée par des artistes comme Nicolas Jullien ou Charlotte Le Bon pour certains exemplaires 2024), s’imprégner des détails du livret… C’est une démarche active, loin de la consommation zapping du streaming.
L’objet devient prétexte à collection : la France compte désormais 820 disquaires indépendants (selon la FEPP), chiffre en augmentation de 14 % sur un an. Certains fans traquent les pressages limités ou les variantes colorées qui doublent souvent de valeur sur le marché secondaire. En parallèle, l’offre d’amplis et platines “hifi-friendly” s’étoffe, démocratisant l’accès à une écoute artistique, plus attentive, qui favorise la redécouverte d’albums oubliés.
Sous ses airs de revival, le vinyle 2024 en France prouve qu’il est un espace d’invention, de découverte et de partage. Collectionner les galettes, c’est aussi soutenir des artistes audacieux et une scène indépendante foisonnante. Pour s’immerger, pourquoi ne pas (re)découvrir le groove solaire de Mezerg sur “Extended Play” ou l’univers cinématographique de Fishbach ? Montez le volume, prenez le temps : le rituel du vinyle est plus vivant que jamais !







